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Démocratie
mardi 26 février 2019
On doit reconnaitre les efforts faits par Fethullah Gülen (prédicateur et intellectuel musulman exilé aux Etats-Unis depuis 1999 pour raisons politiques) pour démontrer que religion musulmane et démocratie sont des concepts et des pratiques compatibles. Mais est-il convaincant ?
On doit reconnaitre les efforts faits par Fethullah Gülen (prédicateur et intellectuel musulman exilé aux Etats-Unis depuis 1999 pour raisons politiques) pour démontrer que religion musulmane et démocratie sont des concepts et des pratiques compatibles. Mais est-il convaincant ?
Il écrit dans un éditorial publié par le Monde du 26.02.19 « l’Islam n’est pas une idéologie mais une religion. Il comporte certains principes relatifs à la gouvernance, mais ceux-ci ne représentent pas plus de 5% de tout le corpus islamique ». Faible argument. Ne serait ce pas ce 5% qui fait question ?
Il tente de développer sa réflexion en soulignant trois erreurs commises par ceux qui ont réfléchi sur l’approche islamique de la politique et de l’Etat :
1. « ils ont confondu l’islam établi par le Coran et la Sunna et l’islam issu de l’expérience historique des musulmans ». Il faut comprendre que « revenir vers les sources premières » est la voie de la sagesse, donc vers la (re)lecture du Coran.
2. une deuxième « erreur consiste à se fonder sur les traductions du Coran ou certains hadits pour créer une légitimité à une idéologie ». Il faut comprendre que le Coran devra faire l’objet d’une contextualisation ce qui est une intention louable.
3.« la troisième erreur postule une incompatibilité entre religion et démocratie en arguant que la 1ère se fonde sur la souveraineté de Dieu et la seconde sur celle du peuple …. Or la souveraineté populaire ne veut pas dire que la souveraineté a été enlevée à Dieu et qu’elle a été remise aux hommes, elle signifie qu’une question dont la compétence a été accordée aux hommes par Dieu ne saurait être hypothéquée par un dirigeant ». On retrouve ici les grands débats catholiques et protestants du siècle des lumières.
Et de conclure « l’Etat islamique est en soi une contradiction, l’Etat une construction issue d’un contrat social, est fondé par des êtres humains, il ne peut donc être islamique ou sacré ». Cette conclusion est bienvenue, mais la démonstration reste déficiente.
… à poursuivre
Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux.
Sun Tzu, L’Art de la Guerre, article 3